
Fermeture de la filiale française de Foodora
Marguerite Desforges
Diplômée de l'EM Lyon en double diplôme avec la Faculté de Droit Lyon II.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
La semaine dernière, l’entreprise allemande Delivery Hero, détentrice de Foodora, publiait ses résultats trimestriels et annonçait par la même occasion la fermeture de sa filiale française, ainsi que son retrait des marchés australien, italien et néerlandais.
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La quête de la rentabilité non achevée
Lancée en juin 2015 en France, 2 mois après son concurrent Deliveroo, Foodora n’a jamais réussi à atteindre la rentabilité tant espérée. Au lancement, d’importants investissements avaient été réalisés dans le marketing afin de faire connaître la marque. Mais l’ambition de l’entreprise de conquérir 15 villes de France a vite été revue à la baisse. Aujourd’hui, la filiale française de Foodora est présente dans 8 villes, fait travailler environ 1500 coursiers indépendants et emploie une cinquantaine de salariés.
Le marché de la livraison de repas est extrêmement compétitif, la demande y est bien plus faible que l’offre. Face à UberEats (arrivé fin 2015) et son partenariat avec McDonald’s, il est dure de s’y faire une place confortable. Foodora se montre en effet quelque peu léger quant à ses exclusivités, que ce soit avec clients ou avec des partenaires.
« Dans les marchés où nous ne sommes pas numéro 1 et où nous ne voyons pas de moyen d’obtenir cette place (…) nous arrêtons nos activités », a indiqué le PDG du groupe, Niklas Östberg.
Les entreprises de livraison de repas : au coeur des polémiques
Outre ses difficultés financières, Foodora avait déjà été impliquée dans plusieurs polémiques, comme bien d’autres entreprises de livraison de repas. Les conditions de travail des coursiers de livraison de repas sont critiquées dans de nombreux pays : en Australie, l’entreprise avait été impliquée dans 2 procès contre des syndicats et le Fair Work Ombudsman (FWO), une institution qui s’assure du respect du droit du travail.
En France, on se rappelle du Collectif des Livreurs Autonomes Parisiens (CLAP) qui avait appelé à un mouvement de grève des livreurs à vélo le dernier dimanche de la Coupe du monde.
L’inquiétude des coursiers
Les coursiers Foodora, de leur côté, manifestent une certaine inquiétude, notamment parce que l’entreprise est l’une des seules qui rémunère ses coursiers à l’heure (environ 7,50€ de l’heure) et non à la course. Ils font face au silence de la part de l’entreprise qui ne leur a communiqué aucune date quant à la fermeture, ou non, de la filiale.
Si l’entreprise ne venait pas à être reprise et entrait en liquidation judiciaire, le député Aurélien Taché assure au Parisien que « Si Foodora va en liquidation judiciaire ou en redressement, les livreurs seront éligibles à [une] assurance chômage », puisque la loi Avenir professionnel vient d’être votée et permet ainsi la création d’une allocation pour les travailleurs indépendants en liquidation judiciaire.
Marguerite Desforges
Diplômée de l'EM Lyon en double diplôme avec la Faculté de Droit Lyon II.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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