
Transformer un local commercial en habitation : explications et formalités
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Le tarif d’un loyer commercial peut être revu en cours de bail au travers d’une révision triennale. À la différence d’une clause d’échelle mobile, cette modification est possible sur demande d’une des parties du contrat, et après un délai de 3 ans minimum. Modalités d’application, délai et formules de calcul : Legalstart vous éclaire sur la révision triennale du bail commercial.
Mini-Sommaire
Aussi appelée révision légale, la révision triennale est une révision du loyer au cours d’un bail commercial (et ne concerne donc pas son renouvellement). Elle peut être demandée par le locataire ou le bailleur. Il est alors possible de revoir le montant du loyer à la hausse ou à la baisse.
La révision triennale est encadrée par la loi. Les cocontractants sont obligés de se référer à des taux légaux. Ils ne sont pas libres d’insérer des clauses spécifiques dans le contrat pour modifier son calcul.
📝 À noter : la durée d’un bail commercial est de 9 ans minimum. Il peut ensuite être renouvelé.
En dehors de la révision triennale, il existe deux autres possibilités de procéder à une revalorisation du loyer commercial au cours d’un bail :
☝️ Bon à savoir : lors de la conclusion d’un bail commercial, le montant du loyer est fixé librement par les parties. Le locataire peut être amené à régler un dépôt de garantie et d’un droit d’entrée (nommé “pas-de-porte”) qui ne peut pas être récupéré au terme du contrat.
La révision du loyer commercial n’étant pas automatique, elle peut être demandée par le bailleur ou le locataire. Pour cela, la personne doit envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception ou passer par un commissaire de justice qui délivre un acte extrajudiciaire.
Pour que la requête soit acceptée, le demandeur doit :
La décision est ensuite actée à la date d’envoi de la demande.
🛠️ En pratique : un locataire va demander une diminution du loyer et le bailleur une augmentation.
La révision triennale est applicable au bout d’un délai de trois ans. Cette demande peut toutefois être menée ultérieurement, puisqu’il n’y a pas de date limite par la suite. Une requête formulée 6 ou 7 ans après sera donc tout à fait acceptable.
La date de référence correspond soit :
🛠️ En pratique : si un contrat est conclu le 6 juin 2024 et que le locataire entre dans les locaux le même jour, les parties seront en mesure de demander une révision légale à partir du 7 juin 2027.
La révision triennale se fonde sur des indices. Les modalités de calcul de la révision du loyer commercial différent s’il s’agit ou non de la première révision.
La révision triennale se fonde sur l’un des deux indices suivants :
Pour information, l’indice des loyers commerciaux était de 137,71 au 3e trimestre 2024 et 135,30 au 4e trimestre 2024. De son côté, l’indice des loyers tertiaires était de 137,12 au 3e trimestre 2024 et 137,29 au 4e trimestre 2024.
📝 À noter : depuis septembre 2014, il n’est plus possible d’utiliser l’indice trimestriel du coût de la construction (ICC). Jusqu’à cette date, il pouvait être utilisé dans le cadre de la révision légale. Il demeure cependant possible de le prendre comme référence pour une clause d’échelle mobile.
La date de référence à prendre en compte lors de la première révision du loyer du bail commercial n’est pas la même que celle des révisions ultérieures.
La formule de calcul d’une première révision triennale est la suivante :
Nouveau loyer = loyer en cours x (dernier indice publié au moment de la révision/ indice de référence lors de la fixation initiale)
Il convient toutefois de relever que, dans le cadre d’une augmentation, l’écart de loyer ne doit pas excéder 10 % du loyer réglé l’année précédente.
🛠️ En pratique : prenons l’exemple d’un loyer commercial de 600 euros signé un 4 juin 2021. Le bailleur souhaite augmenter. L’indice ILC du 2e trimestre 2021 était de 123,25. Au 2e trimestre 2024, il était de 136,72. Le calcul à réaliser est donc de 600 x (136,72/123,25) = 665,57 euros. Après révision triennale, le nouveau loyer est de 665,57 euros.
Dans le cadre d’une révision ultérieure, il faut comparer l’indice de référence actuel avec celui de la dernière révision, et non celui de la signature du contrat initial. Ainsi, la formule à appliquer est la suivante :
Nouveau loyer = loyer en cours x (dernier indice publié au moment de la révision/ indice de référence lors de la dernière révision)
📝 À noter : lors du renouvellement d’un bail commercial, les parties calculent le montant du nouveau loyer à partir des indices ILC et ILAT, ou bien en fonction de la valeur locative du bien. En cas de litige, le locataire et le bailleur ont la possibilité de contacter le tribunal judiciaire pour statuer sur ce montant.
Oui, la révision triennale peut être déplafonnée sous conditions. Dans ce cas, ce ne sont plus les indices ILC ou ILAC qui s’appliquent, mais la valeur locative du bien.
Cette situation intervient pour l’une des raisons suivantes :
La valeur locative d’un bail commercial se fonde sur les cinq critères suivants :
📝 À noter : il n’est pas possible que le montant du nouveau loyer excède 10 % de l’ancien. On appelle cette obligation le lissage de loyer.
Une révision triennale et une clause d’échelle mobile sont deux méthodes de révision d’un loyer commercial en cours de bail. Cependant, la première n’est pas automatique, car elle nécessite une demande du bailleur ou du locataire. En outre, elle ne peut avoir lieu qu’au terme d’une durée de 3 ans minimum après l’entrée dans les locaux ou la dernière révision. La clause d’échelle mobile, quant à elle, est automatique et a généralement lieu tous les ans.
L’indexation annuelle des loyers correspond à une clause d’échelle mobile avec une périodicité d’un an. Elle est renouvelée de façon automatique. En revanche, une révision triennale doit être requise par le bailleur ou le locataire au bout de trois ans minimum après l’entrée dans les locaux ou la dernière révision.
Non, le propriétaire ne peut pas augmenter de lui-même le loyer. Les augmentations sont soumises aux clauses contractuelles. Elles peuvent inclure une révision annuelle, qui tient compte d’indices. Mais, dans ce cas, le contrat peut être revu à la hausse ou à la baisse selon ces indices.
Principales sources législatives et réglementaires :
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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