
Bail commercial : comment réagir face à des impayés ?
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Lorsqu’un particulier ou une entreprise ne paie pas une somme d’argent due, il existe une voie de recours rapide : le référé provision. Zoom sur cette procédure qui permet au créancier d’obtenir rapidement une avance sur sa créance.
Mini-Sommaire
Le référé provision est une procédure civile d’urgence. Elle permet à un créancier d’obtenir rapidement une avance sur une somme d’argent que lui doit un débiteur, à condition qu’il n’y ait pas de doute quant à la dette.
Prévue par l’article 835 du Code de procédure civile, elle peut être engagée devant le président du tribunal judiciaire ou le tribunal de commerce. Cette voie de recours judiciaire présente l’avantage d’une décision rapide, et exécutoire immédiatement.
Le référé provision est une procédure simple et rapide. Elle évite un long processus pour obtenir le paiement d’une somme d’argent. En effet, en un mois environ, le juge peut rendre une décision exécutoire, obligeant le débiteur à payer immédiatement.
📌 À retenir : le référé provision se distingue par sa rapidité et sa facilité de mise en œuvre, sans passer par une procédure judiciaire classique plus lente et coûteuse.
Le référé provision peut être demandé par le créancier, dès lors que la créance est évidente, c’est-à-dire non sérieusement contestable. Le créancier doit prouver l’existence d’une dette claire, certaine et d’un montant déterminé. Sans que le juge ait besoin d’interpréter un contrat ou d’estimer la somme due.
☝️ Bon à savoir : des documents comme un bon de commande signé, un devis accepté ou une reconnaissance de dette suffisent.
Il n’est pas nécessaire de prouver l’urgence, contrairement à d'autres procédures en référé. La seule seule condition est que l’impayé ne soit pas sérieusement contesté.
En revanche, cette procédure n’est pas possible si :
📝 À noter : si le juge estime que la créance n’est pas suffisamment établie, il rejette la demande. Le créancier doit alors se tourner vers une procédure classique, comme l’assignation de paiement.
Le référé en provision suit des étapes précises :
La procédure de référé est une procédure orale qui s’ouvre par une assignation à comparaître à une audience dédiée. Le créancier doit préparer un dossier solide, et déposer une requête auprès du tribunal compétent.
Le tribunal compétent dépend du statut du débiteur :
📝 À noter : la procédure est gratuite, sauf devant le tribunal de commerce où une provision peut être exigée. Les frais de signification du commissaire de justice sont en supplément.
L’assignation est un acte juridique qui convoque officiellement le débiteur devant le juge. Elle doit contenir plusieurs mentions obligatoires :
Une fois rédigée, l’assignation doit être transmise à un commissaire de justice (anciennement huissier), qui l’officialise en y apposant les mentions obligatoires, la date et sa signature. Il la signifie ensuite au débiteur. Cette étape constitue une étape indispensable à la procédure.
L’audience a généralement lieu moins de 8 jours après le dépôt de la requête. Le créancier peut plaider (oralement) ou s’en remettre à son dossier, c’est-à-dire à l’ensemble des pièces fournies. Le juge vérifie si le débiteur a pu préparer sa défense.
Le débiteur peut se défendre en démontrant que l’impayé est sérieusement contestable. Il peut par exemple évoquer :
Le juge peut rendre sa décision immédiatement ou dans un court délai (souvent 8 jours).
📝 À noter : le recours à un avocat n’est pas obligatoire si la créance est inférieure à 10.000 €. Le créancier peut alors se défendre seul ou se faire représenter (conjoint, parent, collaborateur, etc.). En revanche, si la créance dépasse 10.000 €, l’assistance d’un avocat est obligatoire pour les deux parties.
À l’issue de l’audience, le juge peut accepter ou refuser la demande de référé provision.
Lorsque le juge considère que la créance n’est pas sérieusement contestable, il rend une ordonnance de référé. Celle-ci accorde au créancier une provision, c’est-à-dire une avance de la somme due. Cette avance peut toutefois représenter 100 % de la somme due.
Le créancier peut également obtenir des intérêts de retard et une contribution aux frais de procédure (article 700 du Code de procédure civile). Il n’est toutefois pas possible, dans le cadre d’un référé provision, d’obtenir des dommages et intérêts. En effet, cette procédure ne traite que ce qui est manifestement dû. Il existe toutefois une exception : des dommages et intérêts peuvent être versés s’il est prouvé un préjudice lié au retard de paiement.
Une fois l'ordonnance rendue, le créancier doit la faire signifier au débiteur par un commissaire de justice. Cette décision, bien que provisoire, est exécutoire immédiatement. Cela signifie que le débiteur est tenu de payer, même s’il décide de faire appel.
☝️ Bon à savoir : si une provision au fond est engagée par la suite, le montant de la provision peut être ajusté par le juge, en fonction des nouveaux éléments présentés.
Si le juge estime que la créance est sérieusement contestable, il rejette la demande et se déclare incompétent. Le créancier peut faire appel ou engager une procédure classique d’assignation en paiement devant le tribunal compétent.
Les parties disposent d’un délai de 15 jours francs après la notification ou la signification pour faire appel de l’ordonnance.
⚠️ Attention : aucun appel n’est possible si le litige porte sur une somme inférieure ou égale à 5.000 €.
Il est important de noter que l’ordonnance de référé est une décision provisoire. Cela signifie que le débiteur peut contester la créance. Pour ce faire, il peut saisir le tribunal dans le cadre d’une procédure de droit commun.
Si la créance est inférieure à 5.000 €, ou si l’appel échoue, le créancier peut engager une procédure d’assignation en paiement ou d’injonction de payer devant le tribunal de fond, et non plus en référé.
Une fois la décision favorable obtenue, il revient au commissaire de justice de procéder à son exécution - qui peut passer par une saisie sur les biens ou les comptes du débiteur. Pour faciliter cette démarche, le créancier doit fournir toutes les informations concernant le débiteur :
Pour un référé provision, c’est le tribunal de commerce qui est compétent si le débiteur est un commerçant ou une société commerciale. Dans le cas contraire (avec un particulier par exemple), il faut saisir le tribunal judiciaire.
Le référé provision est une procédure rapide, mais contradictoire (les deux parties sont entendues). Elle est utilisée lorsque la créance n’est pas sérieusement contestable. L’injonction de payer est une procédure non contradictoire (le débiteur n’est pas entendu au départ). Elle est idéale pour les créances certaines, liquides et exigibles. Le référé est plus adapté si le débiteur risque de contester.
Le référé provision vise à obtenir rapidement une avance sur une somme d’argent due, quand la créance n’est pas sérieusement contestable. Le référé suspension, lui, cherche à suspendre l’exécution d’une décision administrative en attendant un jugement de fond. Ils relèvent tous les deux de procédures d’urgence, mais ont des finalités différentes : l’un est financier, l’autre est suspensif.
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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