
SASU et micro-entreprise : avantages, inconvénients et choix du statut
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Choisir entre la SARL ou la micro-entreprise est une étape essentielle pour tout entrepreneur souhaitant lancer ou développer son activité. Ces deux statuts juridiques présentent des avantages et des inconvénients qui dépendent de la nature et des ambitions de votre projet.
Comprendre leurs spécificités vous permettra de sélectionner la structure la mieux adaptée à vos besoins. Legalstart vous en dit plus.
Mini-Sommaire
La SARL (société à responsabilité limitée) est une forme juridique de société très répandue, adaptée aux petites et moyennes entreprises, offrant un cadre structuré et réglementé. Elle se distingue par la responsabilité limitée des associés, qui se limite au montant de leurs apports au capital social. Cette caractéristique protège leur patrimoine personnel en cas de dettes ou difficultés financières de l’entreprise.
Pour constituer une SARL, il faut réunir au moins 2 associés, avec un maximum de 100, qu’il s’agisse de personnes physiques ou morales. Le capital social peut être constitué d’apports en numéraire, en nature ou en industrie, et son montant est librement fixé par les statuts.
La micro-entreprise est un régime simplifié destiné aux entrepreneurs individuels souhaitant exercer une activité commerciale, artisanale ou libérale avec des formalités allégées. Elle se caractérise par des plafonds de chiffre d'affaires annuels spécifiques, qui varient selon la nature de l’activité : prestations de service ou vente de biens.
Ce statut offre une gestion administrative simplifiée, notamment en matière de comptabilité, puisqu'il n’est pas nécessaire de tenir une comptabilité complète, mais seulement un livre de recettes et, dans certains cas, un registre des achats. La fiscalité est également simplifiée grâce à un régime de prélèvement forfaitaire, où les cotisations sociales et fiscales sont calculées en pourcentage du chiffre d'affaires.
Accessible à toute personne physique, ce statut ne requiert pas de capital social et ne crée pas de personnalité juridique distincte. Cependant, la responsabilité de l'entrepreneur est illimitée, ce qui engage son patrimoine personnel.
Voici les principales différences entre une SARL et une micro-entreprise :
La SARL nécessite au minimum 2 associés et peut en accueillir jusqu’à 100. Ces associés apportent un capital (en numéraire, nature ou industrie) et obtiennent des parts sociales, leur conférant le droit de vote en assemblée générale.
En revanche, la micro-entreprise repose sur une seule personne, sans possibilité de s’associer, ce qui limite les capacités de financement, mais permet une gestion individuelle rapide.
Pour créer une SARL, il est nécessaire de libérer au moins 20 % du capital social dès la création, avec un complément à verser dans les 5 années suivantes.
La micro-entreprise, quant à elle, ne requiert aucun capital initial, permettant un démarrage plus accessible financièrement.
La micro-entreprise impose des plafonds annuels pour rester sous ce régime :
La SARL n’est soumise à aucun plafond de chiffre d’affaires, offrant une plus grande liberté pour développer l’activité.
Dans une SARL, le statut social du gérant dépend de sa participation au capital :
En micro-entreprise, l’entrepreneur individuel est affilié au régime micro-social, et ses cotisations sont calculées directement sur le chiffre d’affaires réalisé, sans distinction de statut.
La SARL est soumise par défaut à l’impôt sur les sociétés (IS) avec des options spécifiques, comme :
La micro-entreprise, en revanche, est toujours soumise à l’IR sous un régime micro-fiscal.
📝 À noter : un abattement forfaitaire est appliqué sur le chiffre d’affaires, et aucune charge réelle n’est déductible.
La SARL offre un cadre structuré, avec des décisions importantes prises en assemblée générale (AG) et des statuts détaillant le fonctionnement de la société.
La micro-entreprise est plus flexible, car toutes les décisions sont prises par l’entrepreneur unique, mais cela peut entraîner des limites en termes de développement ou de pérennité.
Aspect |
SARL |
Micro-entreprise |
Nombre d'associés |
2 à 100 |
1 (entrepreneur individuel) |
Investissement initial |
Minimum 20 % du capital social libéré |
Aucun |
Plafonds de CA |
Aucun |
188.700 € (vente/hébergement) |
Régime social |
Gérant majoritaire : TNS ; Gérant minoritaire : assimilé salarié |
Cotisations sur chiffre d'affaires (régime micro-social) |
Fiscalité |
IS par défaut, option IR possible |
IR avec abattement forfaitaire |
Gestion |
Assemblée générale, formalités administratives plus complexes |
Simplifiée, gestion individuelle |
Les avantages de la SARL sont nombreux :
La SARL bénéficie d’un cadre juridique strictement encadré par le Code de commerce. Les statuts de la société doivent inclure des mentions obligatoires, assurant une transparence et une protection renforcée.
Ce cadre rigoureux offre une sécurité pour les associés, en limitant leur responsabilité financière au montant de leurs apports. Cela garantit également une stabilité dans le fonctionnement et une prévisibilité dans la gestion de l’entreprise.
La SARL est soumise par défaut à l’impôt sur les sociétés (IS), permettant la déduction des charges et de la rémunération des dirigeants du résultat imposable.
Pour certaines entreprises, il est possible d’opter pour une imposition à l’impôt sur le revenu (IR) pendant les 5 premières années, sous conditions :
📌 À retenir : ce double choix permet d’adapter la fiscalité à la situation de l’entreprise.
Le régime social du gérant dépend de son statut :
🛠️ En pratique : ce système permet d’adapter le coût des charges sociales à la structure de l’entreprise, tout en répondant aux besoins des dirigeants.
La SARL est idéale pour les petites et moyennes entreprises grâce à sa flexibilité et à son organisation claire.
Elle permet d’accueillir jusqu’à 100 associés, offrant ainsi des opportunités de financement plus importantes qu’une entreprise individuelle, tout en restant accessible en termes de gestion.
Les inconvénients de la SARL peuvent représenter des obstacles pour certains entrepreneurs :
Le cadre juridique strict de la SARL, bien que sécurisant, limite la liberté des associés pour définir les règles de gestion. Les décisions importantes doivent respecter des procédures formelles, souvent complexes.
Cela peut engendrer une certaine lourdeur administrative, notamment en ce qui concerne la tenue des assemblées générales ou la modification des statuts.
Le gérant majoritaire affilié au régime des travailleurs indépendants bénéficie de cotisations sociales réduites. En contrepartie, sa protection sociale est moins complète que celle d’un salarié, en particulier en matière de couverture maladie, de prévoyance et de retraite.
Cela peut représenter un désavantage si le gérant souhaite une protection sociale similaire à celle offerte par le régime général.
L’arrivée d’un nouvel associé au sein de la SARL est conditionnée par l’accord des associés existants, souvent formalisé par une procédure d’agrément.
De plus, les cessions de parts sociales sont strictement encadrées, ce qui peut freiner la flexibilité et ralentir les évolutions de la structure.
Toute augmentation de capital nécessite également l’approbation des associés, avec une majorité des deux tiers lors d’une assemblée générale.
La SARL est souvent perçue comme une structure rigide lorsqu’il s’agit de s’adapter à une croissance rapide ou à des projets nécessitant des financements importants.
La limitation du nombre d’associés et les règles contraignantes peuvent limiter son développement à grande échelle.
Les avantages de la micro-entreprise reposent principalement sur :
Créer une micro-entreprise est rapide, économique et accessible à tous. Les démarches s’effectuent facilement en ligne via le guichet unique.
Selon l’activité (commerciale, artisanale ou libérale), il suffit de réaliser une immatriculation au registre approprié ou de compléter une déclaration auprès de l’URSSAF.
🛠️ En pratique : aucune rédaction de statuts ni constitution de capital social n’est requise, ce qui allège considérablement la procédure de lancement.
Le statut permet de cumuler les revenus d’une activité salariée ou d’autres sources avec ceux générés par la micro-entreprise.
Cette flexibilité en fait une option idéale pour tester une activité en parallèle d’un emploi ou diversifier ses revenus sans engagement lourd.
Les obligations comptables sont réduites au strict minimum :
📌 À retenir : un bilan comptable annuel n’est pas obligatoire, ce qui diminue la charge administrative.
Le régime fiscal repose sur l’impôt sur le revenu avec un abattement forfaitaire tenant compte des frais professionnels, selon le type d’activité :
Le bénéfice imposable est calculé après abattement, puis soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu.
Une franchise en base de TVA est possible si le chiffre d’affaires reste sous certains seuils (85.000 € pour les activités commerciales et 37.500 € pour les prestations de services), ce qui exonère de facturation et de déclaration de TVA.
En option, le versement libératoire permet de régler impôt et cotisations sociales en un seul prélèvement mensuel ou trimestriel, avec des taux adaptés à l’activité :
Le micro-entrepreneur bénéficie de la Sécurité sociale des indépendants, rattachée au régime général. Les cotisations sociales sont proportionnelles au chiffre d’affaires :
Ce système offre un cadre social adapté tout en maintenant des charges limitées, tant que le chiffre d’affaires reste raisonnable.
L’absence de capital social à constituer et les cotisations basées uniquement sur le chiffre d’affaires réalisé rendent la micro-entreprise particulièrement accessible.
Elle permet de débuter une activité avec peu de moyens, sans contrainte de financement initial.
Les inconvénients de la micro-entreprise sont liés :
La micro-entreprise est soumise à des plafonds de chiffre d’affaires stricts :
⚠️ Attention : dépasser ces seuils entraîne automatiquement un changement de régime fiscal et social, obligeant l’entrepreneur à adopter un statut plus complexe.
Ce statut repose sur une structure individuelle, ce qui exclut la possibilité d’avoir des associés. L’entrepreneur doit donc gérer seul toutes les responsabilités et financer son activité sans pouvoir s’appuyer sur des partenaires ou des investisseurs.
Cette caractéristique peut limiter la capacité à développer des projets nécessitant un apport de capitaux plus important ou une expertise complémentaire.
Contrairement à d’autres statuts juridiques, la micro-entreprise ne permet pas de déduire les charges d’exploitation (loyer, fournitures, frais de déplacement, etc.) du bénéfice imposable.
À la place, un abattement forfaitaire est appliqué selon l’activité :
Cette absence de prise en compte des dépenses réelles peut désavantager les entrepreneurs ayant des coûts d’exploitation élevés, réduisant ainsi leur marge bénéficiaire.
Le régime de la Sécurité sociale des indépendants offre une protection sociale moins complète que celle des salariés. Les prestations liées à la retraite, aux indemnités journalières ou à la prévoyance peuvent être insuffisantes, ce qui peut représenter un risque pour certains entrepreneurs.
Le statut de micro-entrepreneur peut être perçu comme moins crédible par certains partenaires ou clients, surtout pour les activités nécessitant un investissement important ou une structure plus formelle.
Cela peut limiter les opportunités d’affaires avec des entreprises ou des institutions cherchant des partenaires établis.
Voici un tableau récapitulatif des avantages et inconvénients de la micro-entreprise et de la société SARL :
SARL |
Micro-entreprise |
Avantages |
Avantages |
Inconvénients |
Inconvénients |
Passer du statut d’auto entrepreneur à la SARL peut devenir une nécessité à certaines étapes de la vie d’une entreprise, notamment lorsqu’elle se développe ou que les besoins évoluent.
Lorsque votre chiffre d’affaires dépasse les seuils autorisés par le régime de la micro-entreprise (188.700 € pour les activités commerciales et 77.700 € pour les prestations de services), il devient obligatoire de changer de statut.
La SARL offre alors un cadre juridique adapté pour poursuivre l’activité sans contrainte de plafonds, tout en permettant une gestion plus structurée.
La micro-entreprise est souvent limitée pour gérer une équipe.
Si votre activité nécessite l’embauche de salariés, la SARL devient une structure appropriée, car elle permet une organisation légale et administrative adaptée pour recruter et gérer des collaborateurs.
Avec la croissance de l’activité, les charges peuvent augmenter considérablement.
Contrairement à la micro-entreprise, la SARL permet de déduire les charges réelles (loyer, fournitures, salaires, etc.) du résultat imposable, ce qui peut réduire le montant des impôts.
Dans le régime de la micro-entreprise, l’absence de séparation juridique entre l’entrepreneur et son entreprise engage le patrimoine personnel en cas de dettes.
Passer en SARL permet de limiter cette responsabilité au montant des apports, offrant ainsi une meilleure protection pour l’entrepreneur.
Si vous souhaitez partager la gestion de votre entreprise ou avez besoin de lever des fonds pour financer son développement, la SARL permet d’accueillir jusqu’à 100 associés.
Ce statut facilite l’apport de nouveaux capitaux ou de compétences complémentaires pour soutenir la croissance.
Lorsque l’activité se professionnalise et atteint une envergure plus importante, la SARL offre une structure plus stable et crédible pour collaborer avec des partenaires, des investisseurs ou des institutions.
Elle permet également une gestion plus pérenne grâce à des statuts clairs et des règles définies.
La micro-entreprise repose sur une gestion simplifiée qui peut devenir insuffisante pour une activité complexe ou en forte expansion.
La SARL offre un cadre structuré pour organiser les finances, la fiscalité, les responsabilités et les prises de décision.
Passer du statut d'auto-entrepreneur à la SARL devient pertinent lorsque votre activité se développe, dépasse les plafonds de chiffre d’affaires ou nécessite l'embauche de salariés. La SARL offre également la possibilité de s’associer, de protéger votre patrimoine personnel et d’optimiser fiscalement vos charges.
La SARL propose un cadre juridique sécurisant avec une responsabilité limitée aux apports des associés. Elle permet également de choisir entre l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu sous certaines conditions, tout en offrant la possibilité de déduire les charges réelles et d’accueillir des associés pour financer le développement de l’entreprise.
Pour les activités avec peu de dépenses, le régime de la micro-entreprise peut être avantageux grâce à ses cotisations sociales proportionnelles au chiffre d’affaires. Toutefois, pour une entreprise avec des charges élevées, la SARL est plus intéressante, car elle permet de déduire ces charges et d’optimiser la fiscalité.
Principales sources législatives et réglementaires :
Note du document :
5,0 - 7 vote(s)
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
Vous avez des questions sur les statuts d'entreprise ?
Téléchargez notre guide gratuit sur le choix du statut juridique
Ces articles pourraient aussi vous intéresser :
SASU et micro-entreprise : avantages, inconvénients et choix du statut
EI ou EIRL : comment choisir ?
SA (Société Anonyme) : la bible 2025
Entreprendre : Quel statut juridique choisir ?
EURL ou SASU : quel statut juridique choisir ? (2025)
SAS ou SARL : récapitulatif des différences
On a besoin de vous !
Si vous appréciez notre contenu, un avis sur Google nous aiderait énormément !