SASU et micro-entreprise : avantages, inconvénients et choix du statut
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
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Choisir entre une SAS ou SNC peut vite devenir un vrai casse-tête pour un créateur d’entreprise. Ces deux formes juridiques de société à actions simplifiées (SAS) et de société en nom collectif (SNC) n’offrent pas les mêmes protections, le même fonctionnement ni la même manière de gérer les associés.
Comprendre leurs spécificités permet de faire un choix plus serein et surtout plus adapté à la réalité du projet. Legalstart vous explique tout ce que vous devez savoir entre la SAS ou la SNC.
Mini-Sommaire
Avant de choisir entre une SAS ou une SNC (articles L227-1 à L227-20-1 du Code de commerce), il peut être utile de comprendre ce qui distingue réellement ces deux formes juridiques : leur fonctionnement, la place des associés, le capital, la responsabilité et la manière dont elles accueillent votre activité.
Qu’est-ce qu’une SAS ? La SAS (société à actions simplifiées) attire de nombreux créateurs grâce à sa grande flexibilité et à sa capacité à accompagner des projets qui évoluent rapidement. Elle réunit au moins 2 associés, qu’il s’agisse de particuliers ou de sociétés, et permet d’en faire entrer de nouveaux très facilement au fil de la croissance.
Le capital social est fixé librement : certains choisissent une mise de départ réduite, d’autres préfèrent un capital plus conséquent pour renforcer la solidité du projet. Il peut être libéré en partie lors de la création, puis complété progressivement dans les 5 ans.
Son atout principal reste la liberté statutaire : les règles internes s’adaptent au fonctionnement réel de l’entreprise. Les associés décident de l’organisation de la direction, de la répartition des pouvoirs, des modalités de prise de décision ou encore des conditions d’entrée et de sortie. Cette souplesse s’accompagne d’une protection appréciable : la responsabilité est limitée au montant des apports, ce qui préserve le patrimoine personnel des associés.
Bon à savoir : la SAS peut exercer la plupart des activités commerciales, artisanales ou de services.
La SNC (société en nom collectif) est moins répandue, mais elle convient très bien aux projets fondés sur une relation forte entre les associés. Elle nécessite au moins 2 personnes, physiques ou morales, et chacun d’eux porte la qualité de commerçant.
Son capital social est déterminé librement et peut être constitué d’apports en argent, en biens ou même en compétences, ce qui facilite les projets modestes comme les activités familiales.
Cette forme repose sur une logique d’intuitu personae, un principe selon lequel la confiance et l’identité des associés jouent un rôle central. Les statuts peuvent organiser la gestion avec une grande liberté : un ou plusieurs gérants, associés ou non, répartition personnalisée des responsabilités, etc. Le fonctionnement s’adapte facilement à la réalité du terrain. En contrepartie, la responsabilité des associés est indéfinie et solidaire : chacun peut être amené à couvrir une dette de la société si celle-ci ne peut pas le faire.
Bon à savoir : la SNC peut accueillir de nombreuses activités commerciales, artisanales ou certaines activités libérales, avec quelques restrictions dans les secteurs réglementés.
Astuce : vous pouvez ouvrir votre entreprise seul, ou vous faire accompagner par Legalstart pour des démarches plus sereines.
Le président de SAS bénéficie du statut assimilé-salarié, ce qui lui donne accès à la protection sociale du régime général : couverture maladie, retraite et indemnités en cas d’arrêt de travail.
À retenir : cette sécurité sociale assez complète séduit beaucoup d’entrepreneurs qui souhaitent conserver un niveau de protection proche de celui d’un salarié, surtout lorsqu’ils quittent un poste stable pour créer leur activité.
Les cotisations sont plus élevées que dans d’autres formes sociales, mais elles financent une protection large. Par exemple, dans une société de services ou un commerce qui démarre, le président peut compter sur des droits sociaux solides même si l’activité est encore jeune.
Le régime social du président de SNC dépend surtout de son lien avec la société.
Quand le gérant est aussi associé, il a la qualité de commerçant et relève du régime des travailleurs non-salariés : il cotise à la sécurité sociale des indépendants, comme beaucoup d’entrepreneurs individuels ou de gérants de petites structures familiales.
À l’inverse, lorsqu’un gérant extérieur est nommé sans être associé (par exemple un directeur recruté pour piloter un magasin ou un restaurant), il est rattaché au régime général en tant qu’assimilé-salarié, avec une protection proche de celle d’un cadre salarié, hors assurance chômage.
Ce fonctionnement mixte permet d’adapter le statut social du dirigeant au projet :
Un bon réflexe consiste à se demander quel niveau de protection personnelle vous souhaitez pour la personne qui dirige vraiment la société.
Dans une SAS, les bénéfices sont en général taxés à l’impôt sur les sociétés. Concrètement, la société paie l’impôt sur ses résultats, puis les associés ne sont imposés que sur ce qu’ils touchent réellement : salaire ou dividendes. C’est un fonctionnement souvent apprécié dans les projets qui veulent séparer clairement la vie de la société et celle des associés.
La rémunération du président est imposée comme un salaire, avec l’abattement de 10 % ou la possibilité de déduire ses frais réels. Dans une petite SAS de prestations de service, par exemple, le dirigeant peut se verser un revenu régulier pour sécuriser son quotidien, tout en laissant une partie des bénéfices dans l’entreprise pour soutenir sa croissance.
Les dividendes, eux, sont taxés directement entre les mains des associés. Ils ne sont pas soumis aux cotisations sociales du dirigeant, ce qui peut rendre cette option intéressante quand la société commence à dégager de bons résultats.
Dans une SNC, les bénéfices ne sont pas imposés au niveau de la société, mais directement entre les mains des associés. C’est le fonctionnement classique des sociétés dites “transparentes”. Chaque associé déclare sa part de bénéfices dans sa propre imposition, même si l’argent n’a pas été distribué. Une SNC artisanale ou un petit commerce familial fonctionne souvent ainsi : les bénéfices sont intégrés dans la déclaration personnelle de chacun, ce qui permet de suivre facilement sa part de résultat.
La nature de l’activité détermine la catégorie fiscale :
Bon à savoir : quand l’activité tourne bien, les associés peuvent parfois être surpris de devoir payer l’impôt sur des résultats qu’ils n’ont pas encore touchés. C’est un fonctionnement normal de la SNC, car le bénéfice est imposé avant même la distribution.
Pour le dirigeant associé, sa rémunération est considérée comme une avance sur bénéfices. Elle est intégrée dans sa part de résultats et imposée de la même façon. Dans une SNC de restauration tenue par deux associés-gérants, par exemple, chacun est imposé sur sa part totale de bénéfices, rémunération comprise.
Si la SNC choisit l’impôt sur les sociétés (une option possible dans certains projets), le fonctionnement change : la société paie l’impôt sur ses bénéfices, et la rémunération du dirigeant est imposée comme un salaire, avec l’abattement de 10 % ou la possibilité de déduire les frais réels (déplacements, repas, etc.). Un scénario qu’on retrouve parfois lorsque la SNC souhaite réinvestir ses profits sans augmenter l’imposition personnelle des associés.
Pour un gérant non associé, la règle est plus simple : sa rémunération est imposée comme un salaire, avec les mêmes mécanismes d’abattement ou de frais réels, un peu comme un dirigeant extérieur recruté pour piloter l’activité.
Créer une SAS implique quelques dépenses incontournables :
Dans la pratique, la partie la plus variable est justement cette rédaction : quand plusieurs associés sont impliqués ou que le projet prévoit une gouvernance sur mesure, beaucoup choisissent de se faire accompagner pour éviter les mauvaises surprises (clauses mal écrites, pouvoirs mal répartis, blocages futurs…).
La demande d’immatriculation transite ensuite via le guichet unique, soit en autonomie, soit avec l’aide d’un service comme Legalstart qui regroupe souvent statuts, annonce légale et dépôt au greffe dans un même forfait.
Le coût total dépend donc autant des frais administratifs obligatoires que du niveau d’accompagnement souhaité, surtout lorsque le projet est ambitieux ou implique plusieurs fondateurs.
Pour une SNC, les frais administratifs sont très proches de ceux d’une SAS :
La différence se joue surtout dans la rédaction des statuts, car la SNC repose souvent sur un lien fort entre associés et un fonctionnement très personnalisé. Dans une structure familiale ou un commerce de proximité, par exemple, les statuts peuvent être simples et limiter les coûts ; mais dès qu’il faut encadrer la responsabilité solidaire, prévoir la répartition des pouvoirs ou organiser l’entrée d’un nouvel associé, il peut être judicieux de se faire accompagner.
Le coût global varie donc en fonction de la complexité du projet, même si les frais administratifs de base restent similaires à ceux d’une SAS.
|
Caractéristiques |
SAS |
SNC |
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Nombre d’associés |
À partir de 2, sans maximum. |
À partir de 2, sans maximum. |
|
Dirigeant |
Président (seul ou avec des directeurs généraux). |
Un ou plusieurs gérants. |
|
Capital social |
Fixé librement par les associés. |
Fixé librement par les associés. |
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Libération des apports |
Au moins la moitié à la création, solde possible sous 5 ans. |
Pas d’obligation de libération immédiate. |
|
Responsabilité financière |
Limitée au montant des apports. |
Illimitée et solidaire entre associés. |
|
Imposition des bénéfices |
Impôt sur les sociétés dans la majorité des cas, option possible pour l’impôt sur le revenu sous conditions. |
Imposition chez les associés (IR) selon la nature de l’activité ; option possible pour l’impôt sur les sociétés. |
|
Régime fiscal du dirigeant |
Rémunération imposée dans la catégorie des traitements et salaires. |
Associé gérant : bénéfices imposés selon la nature de l’activité ; gérant non associé : traitements et salaires. |
|
Régime social du dirigeant |
Assimilé salarié (hors assurance chômage). |
Associé gérant : travailleur non salarié ; gérant non associé : assimilé salarié. |
|
Titres sociaux |
Actions. |
Parts sociales. |
|
Complexité des statuts |
Forte liberté statutaire, souvent adaptée aux projets évolutifs. |
Fonctionnement très personnalisé, souvent lié à la confiance entre associés. |
|
Coût de création |
Frais administratifs + rédaction des statuts (souvent structurée). |
Frais administratifs + statuts souvent personnalisés dans un cadre plus “familial”. |
|
Activités possibles |
Très large : commerce, services, artisanat, innovation… |
Activités commerciales ou artisanales ; très utilisées dans les projets fondés sur une forte relation entre associés. |
Résumer cet article avec :
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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