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Fiches pratiques Créer une entreprise Freelance Freelance et chômage : quelles sont les règles en 2025 ?

Freelance et chômage : quelles sont les règles en 2025 ?

Léna Cazenave - Image

Léna Cazenave

Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix-Marseille. 


Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.

Vous êtes au chômage et vous souhaitez devenir freelance, mais vous craignez de ne pas avoir assez de revenus ? Vous vous demandez si freelance et chômage sont compatibles ? Sous certaines conditions, en effet, il est possible de cumuler un emploi en tant que travailleur indépendant et l’allocation de retour à l’emploi (ARE). À quelles conditions ce cumul est-il possible ? Quel montant d’allocation chômage pour le freelance ? Avez-vous droit à une indemnisation de France Travail si vous cessez votre activité indépendante ? Legalstart vous explique tout ici.

Mini-Sommaire

Qu’est-ce qu’un freelance ?

Si freelance n’est pas un métier ni même un statut juridique, c’est toutefois un terme que l’on entend fréquemment lorsqu’on se lance à son propre compte. En effet, le freelance est ce que l’on appelle un travailleur indépendant, qui crée sa propre entreprise et travaille seul. Il trouve ses propres clients et gère tous les aspects de son entreprise lui-même : communication, comptabilité, administratif. 

Il est possible d’exercer de nombreux métiers en freelance : rédacteur web, graphiste, community manager, développeur web… Mais les métiers digitaux ne sont pas les seuls concernés. On peut être freelance en tant que photographe, coach, expert-comptable, agent immobilier, consultant RH, etc. 

Freelance et chômage ne sont pas incompatibles. En effet, de nombreuses personnes en recherche d’emploi en profitent pour créer leur activité, dans l’attente d’un nouveau poste ou dans l’optique de quitter le salariat. 

Si vous souhaitez vous lancer, vous pouvez adopter le statut d’auto-entrepreneur (en micro-entreprise) ou créer votre société sous la forme d’une EURL, ou encore d’une SASU. Ces démarches permettent de démarrer rapidement une activité de freelance, et même lors du chômage.

Peut-on cumuler freelancing et chômage ?

Le cumul entre chômage et travailleur indépendant existe, mais les règles ne sont pas les mêmes selon le motif de la perte d’emploi.

Le chômage pour un freelance qui crée son entreprise

Percevoir l’ARE en tant que freelance

L’ARE, ou aide au retour à l’emploi, est une allocation versée mensuellement par France Travail (anciennement Pôle emploi). Si vous décidez de créer votre activité de freelance, le chômage est cumulable avec l’ARE sous certaines conditions. Il faut notamment que votre inscription à France Travail soit consécutive à :

  • votre licenciement, même pour faute grave, après plus de 6 mois d’activité ;
  • la fin d’un CDD ;
  • une rupture conventionnelle du contrat de travail. 

Le montant de votre allocation chômage en freelance est différente de celle que vous percevriez en cas d’inactivité totale, et dépend des revenus que votre activité vous permet de dégager. 

Ainsi, l’ARE ne sera pas intégralement perçue si votre entreprise réalise du chiffre d’affaires ou vous permet d’être rémunéré. Néanmoins, vous ne perdez pas vos droits à l’allocation chômage : ceux-ci allongent votre durée d’indemnisation. 

Si vous n’êtes pas rémunéré ou que vous ne faites aucun chiffre d’affaires, vous toucherez la totalité de vos allocations journalières. 

C’est la raison pour laquelle chaque mois, le freelance doit réaliser une actualisation auprès de Pôle emploi, dans laquelle il déclare sa rémunération ou l’absence de celle-ci.

☝️ Bon à savoir : si vous êtes en micro-entreprise, la rémunération prise en compte pour le calcul de votre ARE en freelance correspond à votre chiffre d’affaires. En EURL ou SASU, il s’agit de votre rémunération en tant que dirigeant, si elle est prévue aux statuts et que vous vous établissez un bulletin de paie.

Percevoir l’ARCE pour reprendre ou créer son entreprise

L’ARCE est une aide à la reprise ou à la création d’entreprise qui se présente sous la forme d’un capital. Une partie des allocations chômage auxquelles vous avez droit vous sont alors versées non plus mensuellement mais en 2 fois. Le 1er versement est réalisé au début de votre activité et le solde 6 mois plus tard, à condition que votre entreprise en freelance soit toujours existante. 

Le capital versé correspond à 60 % du montant total de vos droits restants à l’ARE. Cela signifie que vous pouvez bénéficier de l’ARCE :

  • si vous êtes déjà demandeur d’emploi et bénéficiaire de l’ARE au moment où vous créez votre activité freelance ;
  • si vous n’êtes pas encore demandeur d’emploi mais que suite à un congé de reclassement, de mobilité ou une période de préavis, vous décidez de créer ou reprendre une entreprise en freelance. 

Pour profiter de ce dispositif, qui vous permet d’avoir une mise de départ à investir dans votre future activité de freelance, vous devez remplir différentes conditions :

  • bénéficier de l’ARE, puisque c’est la base de calcul de l’ARCE ;
  • bénéficier de l’ACRE, autre dispositif de France Travail en faveur des entrepreneurs qui se lancent (exonération totale ou partielle des charges sociales, durant 12 mois) ;
  • créer ou reprendre une entreprise après la fin de leur contrat de travail, en France. 

L’ARCE peut être intéressante si vous avez besoin de fonds pour démarrer votre activité de freelance. Le chômage et son allocation mensuelle sont sans doute préférables dans le cas contraire.

Le chômage pour un freelance qui a démissionné

En cas de démission, freelance et chômage ne vont en principe pas de pair. En effet, l’une des conditions de perception des aides de France Travail est la rupture involontaire ou conventionnelle du contrat de travail. 

Par exception toutefois, l’assurance-chômage peut bénéficier à la personne qui démissionne si celle-ci a un projet de création d’entreprise. Depuis novembre 2019, il est possible de devenir freelance et de toucher l’allocation de retour à l’emploi sous certaines conditions cumulatives :

  • vous justifiez d’au moins 5 ans d’activité continue en CDI dont 1.300 jours travaillés ;
  • vous avez consulté un conseiller en évolution professionnelle pour préparer votre projet ;
  • une commission a validé le caractère réel et sérieux de votre projet de création ;
  • vous remplissez également les conditions d’accès à l’ARE. 

Vous avez ensuite 6 mois à compter de l’accord de la commission pour démissionner et vous inscrire à France Travail (ex-Pôle emploi).

Est-ce réellement avantageux de cumuler les missions de freelance avec le chômage ?

Si la recherche d’emploi s’allonge, il peut être intéressant de reprendre une activité professionnelle en parallèle de sa recherche d’emploi. Le statut de freelance et le chômage peuvent en effet cohabiter. Cela est un véritable point positif aux yeux des éventuels recruteurs puisque votre activité de freelance permet de valoriser votre expertise et de développer votre réseau professionnel, au travers de vos clients et de vos missions ponctuelles. 

Il n’y aura pas d’espace vide dans votre CV, puisque vous pourrez y inscrire votre statut de freelance. Cette continuité dans le travail reflète votre motivation aux yeux des recruteurs. Le binôme freelance et chômage semble porter ses fruits et attirer l’œil des recruteurs. 

D’un point de vue personnel, travailler en freelance durant une période de chômage permet de booster sa confiance en soi. 

Mener une activité de freelance pendant le chômage permet donc de valoriser son image auprès des potentiels recruteurs et de cultiver sa motivation, mais également de compiler ses revenus de travailleur indépendant avec les allocations chômage. 

En effet, cumuler les missions de freelance et le chômage représente une sécurité financière. Travailler en indépendant peut signifier que les missions, les clients et donc vos revenus fluctuent d’un mois à l’autre. 

Percevoir l’ARE permet alors aux demandeurs d’emploi de cumuler leurs revenus avec une partie des allocations. En période de recherche d’emploi, lier freelance et chômage est une procédure attirante, tant d’un point de vue économique que personnel.

Quelles sont les conditions pour toucher le chômage en tant que freelance ?

Pour toucher le chômage en tant que freelance, vous devez tout d’abord répondre aux conditions d’éligibilité aux allocations chômage. 

Ces conditions sont les suivantes :

  • s’inscrire comme demandeur d’emploi dans les 12 mois suivant la fin de son travail précédent ;
  • ne pas pouvoir percevoir la retraite à taux plein ;
  • pouvoir exercer un emploi (aptitude physique) ;
  • résider en France ;
  • avoir travaillé au moins 910 heures ou 130 jours durant les 24 mois précédents (ou 36 mois si vous avez plus de 53 ans) ;
  • avoir subi une perte involontaire d’emploi (licenciement), une rupture conventionnelle ou que votre CDD n’ait pas été reconduit.

☝️ Bon à savoir : en principe, vous ne devez pas avoir démissionné pour cumuler freelance et chômage, sauf dans le cas, évoqué ci-dessus, de démission pour création d’un projet d’entreprise.

Ces conditions sont remplies ? Vous devez ensuite créer votre entreprise, et choisir votre statut juridique :

  • la micro-entreprise ;
  • la SASU ;
  • l’EURL. 

Dans ces deux derniers cas, si vous êtes dirigeant rémunéré, vous pourrez éventuellement prétendre à un maintien partiel de votre ARE. Attention, en fonction du montant de votre rémunération, vous pourriez ne pas être indemnisé. En l’absence de rémunération, vous êtes éligible au maintien intégral de vos allocations. 

En micro-entreprise, c’est notamment le montant du chiffre d’affaires qui va déterminer le calcul de vos indemnités France Travail. Si celui-ci est important par rapport à votre salaire brut de référence, vous ne percevrez peut-être aucune ARE.

Quel est le montant des allocations chômage en freelance ?

Il est possible de toucher le chômage, tout en conservant son statut de freelance, et ainsi de compiler chômage et freelance. Cependant, le montant de l’allocation varie en fonction de votre chiffre d’affaires. Il s’agit de calculer le résultat du cumul entre une partie des allocations et les revenus d’une activité non salariée. 

Pour connaître le montant des revenus freelance et du chômage, il faut :

  • soustraire 70 % du revenu brut dégagé par l’activité non salariée aux allocations chômage ;

⚠️ Attention : cette somme doit rester inférieure à l’ancien salaire brut de l’allocataire.

  • le résultat doit être divisé par le montant journalier de l’allocation (montant avant que ne soient déduits les 70 %). Ce résultat est arrondi à l’entier près ;
  • multiplier le nombre de jours arrondi par l’allocation journalière. On obtient alors le nombre de jours par mois où l’on touche l’allocation ;
  • le résultat obtenu est additionné au revenu brut de la personne freelance et au chômage

Allocation chômage = nombre de jours x allocation journalière - 70 % du revenu brut mensuel

Au 1er juillet 2024, le montant de l’allocation journalière est de :

  • 75 % du salaire brut pour un salaire mensuel brut inférieur à 1.296,56 € ;
  • au moins 31,97 € pour un salaire mensuel brut compris entre 1.296,56 € et 1.419,95 €
  • 40,4 % du salaire journalier brut + 13,11 € pour un salaire mensuel brut compris entre 1.419,95 € et 2.402,18 €
  • 57 % du salaire journalier brut pour un salaire mensuel brut compris entre 2.402,18 € et 15.456 € (plafond maximum)

Freelance et chômage : que se passe-t-il en cas de cessation de l’activité d’indépendant ?

Un travailleur indépendant dont l’entreprise cesse ne perçoit en principe pas l’ARE. En effet, il n’y a pas, en freelance, de cotisation au chômage. 

Toutefois, si l’entrepreneur indépendant fait faillite ou que son activité n’est pas viable, il peut, sous certaines conditions, être indemnisé par l’ATI (allocation des travailleurs indépendants).

L’ATI concerne les travailleurs non salariés non-agricoles et agricoles, les mandataires d’assurance, les dirigeants de société et les artistes auteurs. 

Pour en bénéficier, vous devez en outre respecter les 5 critères suivants :

  • avoir eu une activité non salariée depuis au moins deux ans dans la même entreprise ;
  • l’activité a cessé à cause d’une liquidation, d’un redressement judiciaire ou d’une activité économiquement non viable ;
  • vous devez être inscrit à France Travail (le nouveau Pôle emploi depuis janvier 2024), et en recherche active d’un nouvel emploi ;
  • vous devez répondre aux conditions d’éligibilité à l’ARE ;
  • vos revenus (chiffre d’affaires - abattement fiscal) doivent être d’au moins 10.000 € par an en moyenne, sur les deux dernières années d’activité ;
  • vos ressources personnelles (revenus + allocations) doivent être inférieures au montant du RSA soit 635,71 € par mois et par personne en 2024. 

Ces critères sont assez stricts en raison des taux d’abattement fiscal (71 % pour une activité commerciale, 50 % pour une activité artisanale, 34 % pour une activité libérale). Il faut donc que le chiffre d’affaires soit assez élevé pour que malgré l’abattement, le revenu reste en moyenne supérieur à 10.000 €.

FAQ

Est-ce qu’un freelance cotise pour le chômage ?

Non, un freelance ne verse pas de cotisation pour le chômage. Cela signifie que si son activité n’est pas viable et cesse, il ne peut plus percevoir l’ARE. Toutefois, il peut éventuellement prétendre à l’ATI (allocation des travailleurs indépendants), dont les conditions sont strictement encadrées.

Quelle est la durée du chômage pour un freelance ?

La durée du chômage pour un freelance qui cumule l’ARE avec son activité est identique à celle d’un chômeur lambda. Elle est en 2024 de 18 mois, soit 548 jours calendaires pour les moins de 53 ans. Si vous ne percevez pas la totalité de votre ARE chaque mois car votre activité vous permet d’être rémunéré, vos droits sont reportés et prolongent donc votre période d’indemnisation.

Comment travailler sans perdre le chômage ?

Pour travailler sans perdre votre droit à l’allocation chômage, vous pouvez créer une entreprise en freelance. Vous pourrez ainsi continuer à percevoir l’ARE, partiellement ou totalement, en complément des revenus dégagés par votre activité.

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