Immobilisation corporelle : principe, valorisation et comptabilisation
Comment fonctionne l’amortissement dégressif ?
Thomas Wittenmeyer
Diplômé de l'ESSEC Business School.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
Votre entreprise réalise certainement des investissements plus ou moins conséquents chaque année. Si elle est imposée à l’impôt sur les sociétés (IS), elle peut alors amortir ses investissements pour tenir compte de la dépréciation du bien au cours du temps du fait de son usage. Sa valeur est donc revue à la baisse chaque année. Certains biens peuvent faire l’objet d’un amortissement dégressif. Mais est-ce vraiment avantageux ? Comment calculer un amortissement dégressif ? Quel est le coefficient d’amortissement dégressif en 2023 ? Legalstart vous explique.
Mini-Sommaire
Qu’est-ce qu’un amortissement dégressif ?
La loi autorise à amortir le prix d’acquisition d’un bien sur plusieurs années dès lors qu’il s’agit d’un investissement et non d’une charge.
L’amortissement se traduit en comptabilité par une baisse du prix de valorisation du bien au cours de ses années d’utilisation, afin de tenir compte de l’usure. Ainsi, la durée d’amortissement varie en fonction de la nature du bien concerné.
L’une des manières d’amortir un bien consiste à appliquer des annuités plus importantes les 3 premières années, afin d'accélérer l’amortissement. C’est ce que l’on appelle l'amortissement dégressif. L’amortissement dégressif est l’un des deux modes de calcul d’amortissement pour un bien acquis par l’entreprise.
Enfin, il repose sur la valeur résiduelle du bien à la clôture de l’exercice comptable. Cela signifie qu’à la fin de chaque exercice comptable la valeur du bien correspond à la différence entre sa valeur d’achat et les amortissements déjà pratiqués.
Amortissement dégressif ou linéaire : quelle différence ?
L’amortissement dégressif s’oppose à l’amortissement linéaire.
L’amortissement linéaire consiste à amortir le bien sur la durée d’utilisation du bien de manière constante, c’est-à-dire en appliquant le même taux d’amortissement à toutes les années. La première et la dernière année quant à elles sont calculées au prorata temporis. Il se calcule comme suit :
Taux d’amortissement linéaire = 100 / nombre d’années d’utilisation prévue X 100
Par exemple, si un bien s’amortit sur 5 ans, avec l’amortissement linéaire, on diminue la valeur du bien de 20 % du prix d’acquisition chaque année.
Au contraire, dans le cadre de l’amortissement dégressif, la dévaluation du bien est plus importante au cours des 3 premières années. Ensuite, le montant de l’amortissement diminue chaque année.
📝 À noter : en amortissement dégressif, le calcul se fait en mois complets et non en jours comme pour l’amortissement linéaire. Ainsi, si le bien est acquis en cours de mois, le point de départ du calcul de l’amortissement dégressif est le 1er jour du mois de mise en service du bien.
Quels sont les avantages de l’amortissement dégressif ?
Le principal avantage de l’amortissement dégressif est un avantage fiscal puisqu’il permet de déduire davantage d'amortissements au cours des premières années d’utilisation du bien. Ainsi, l’entreprise peut voir la base de calcul de son impôt sur les bénéfices fortement réduite dès les premières années. Cela peut être particulièrement intéressant pour compenser la charge financière que représente l’achat du bien en question.
Cependant, il faut noter que si l’entreprise opte pour l’amortissement dégressif, tous les biens éligibles seront soumis à ce mode de calcul. De plus, cette option est irrévocable, il n’est pas possible de revenir en arrière. Par conséquent, il est préférable d’en discuter avec un professionnel avant de faire ce choix, afin de s’assurer qu’il correspond aux besoins et au fonctionnement de votre entreprise.
Quels sont les biens pouvant faire l’objet d’un amortissement dégressif ?
Tous les investissements ne peuvent pas faire l’objet d’un amortissement dégressif. Cette possibilité est réservée aux biens d’équipements neufs dont la durée d’utilisation normale est supérieure à 3 ans.
Au contraire, l’amortissement linéaire peut s’appliquer à tous les biens. Par définition, il s’agit du mode d’amortissement obligatoire pour les biens dont la durée d’utilisation est inférieure à 3 ans.
☝️ Bon à savoir : par exception, il est possible d’appliquer un barème progressif pour certains biens d’occasion notamment s’il s’agit de matériels rénovés par le fabricant ou de bien acquis dans le cadre d’une fusion.
Ainsi, sont éligibles à l’amortissement dégressif les biens suivants :
- les matériels et outillages utilisés pour des opérations industrielles de fabrication, de transformation ou de transport ;
- matériels de manutention ;
- installations destinées à l'épuration des eaux et à l'assainissement de l'atmosphère ;
- installations productrices de vapeur, chaleur ou énergie ;
- installations de sécurité et installations à caractère médico-social ;
- machines de bureau, à l'exclusion des machines à écrire ;
- matériels et outillages utilisés à des opérations de recherche scientifique ou technique ;
- installations de magasinage et de stockage sans que puissent y être compris les locaux servant à l'exercice de la profession ;
- immeubles et matériels des entreprises hôtelières.
🛠️ En pratique : sont exclus de l’amortissement dégressif le matériel informatique, dont les ordinateurs, ainsi que les camionnettes, les véhicules de tourisme, etc.
Comment calculer l’amortissement dégressif sur un bien ?
La base de calcul de l’amortissement dégressif est le prix d’acquisition du bien comprenant :
- le prix d’achat HT ;
- les frais de livraison HT ;
- et les frais de mise en service HT.
Ensuite, le taux d’amortissement progressif se calcule à partir du taux d’amortissement linéaire, auquel on applique un coefficient en fonction de la durée d’amortissement du bien. Ainsi, la formule de calcul est la suivante :
Taux dégressif = taux linéaire X coefficient d'amortissement dégressif
Pour ce qui est de l’amortissement dégressif, le coefficient à appliquer est de :
- 1,25 entre 3 et 4 ans ;
- 1,75 entre 5 et 6 ans ;
- 2,25 au-delà de 6 ans.
☝️ Bon à savoir : l’entreprise a la possibilité d’opter pour des taux d’amortissement majorés pour l’achat de matériels de recherche scientifique et technique. Les taux applicables sont alors les suivants :
- 1,50 entre 3 et 4 ans ;
- 2 entre 5 et 6 ans ;
- 2,5 au-delà de 6 ans.
Si on reprend notre exemple d’un bien amortissable sur 5 ans, alors le taux d’amortissement dégressif sera de : 20 X 1,75 = 35 %. Chaque année, l’entreprise peut déduire 35 % du prix sur la valeur résiduelle.
Pour la 1ère année d’acquisition, il faut souvent calculer l’amortissement progressif au prorata temporis puisque l’investissement n’est pas forcément réalisé en janvier. Donc on ne compte pas l’année complète. La formule de calcul pour la première année est alors la suivante :
Amortissement dégressif sur la première année = taux linéaire X coefficient d'amortissement dégressif X (nombre de mois / 12)
☝️ Bon à savoir : concernant l’amortissement dégressif, la comptabilisation prend la forme d’un débit du compte 687 - Dotations aux amortissements, aux dépréciations et provisions et un crédit du compte 787 - Reprises sur dépréciations et provisions. De plus, l’amortissement dégressif apparaît au passif du bilan comptable puisqu’il vient diminuer le montant des immobilisations.
Comment faire un tableau d’amortissement dégressif ?
L’amortissement dégressif avec valeur résiduelle peut être calculé dans un tableau comme dans l’exemple suivant :
Année d’amortissement |
Taux d’amortissement dégressif |
Montant de l’amortissement |
Valeur résiduelle (Base amortissable - amortissement déjà réalisés) |
Année 1 |
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Année 2 |
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Année 3 |
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Année 4 |
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Année 5 |
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Année N |
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Si on applique ce tableau à notre exemple d’un bien amortissable sur 5 ans acheté en janvier dont la base amortissable est de 200.000 €, voici comment se présente le tableau d’amortissement dégressif :
Année d’amortissement |
Taux d’amortissement dégressif |
Montant de l’amortissement |
Valeur résiduelle (Base amortissable - amortissement N-1) |
Année 1 |
35 % |
70.000 € |
130.000 € |
Année 2 |
35 % |
45.500 € |
84.500 € |
Année 3 |
35 % |
29.575 € |
54.925 € |
Année 4 |
35 % |
19.223,75 € |
35.701,25 € |
Année 5 |
35 % |
12.495, 44 € |
23.076,81 € |
FAQ
Quelle est la différence entre l'amortissement comptable et l'amortissement fiscal ?
La différence entre l’amortissement fiscal et l’amortissement comptable réside surtout dans les règles qui leur sont applicables. En effet, les règles comptables ne sont pas les mêmes que les règles fiscales en ce qui concerne :
- la durée d’amortissement : en comptabilité, on prend en compte la durée d’utilisation réelle du bien, alors qu’en fiscalité, c’est la durée d’usage (souvent plus courte) ;
- la valeur résiduelle : dans le cadre d’un amortissement linéaire, en comptabilité, la valeur de revente d’un bien (valeur résiduelle) est déduite de la base amortissable. En fiscalité, cela n’est pas possible.
Quels sont les différents types d'amortissement ?
Les principaux types d’amortissement sont :
- l'amortissement linéaire ;
- l'amortissement dérogatoire ;
- l'amortissement dégressif ;
- l'amortissement variable ;
- l'amortissement exceptionnel.
Quel est le montant minimum pour amortir ?
Le montant minimum pour qu’un achat puisse être considéré comme un investissement est de 500 € HT. À partir de 500 € HT, le bien est considéré comme une immobilisation pouvant faire l’objet d’un amortissement. En dessous de ce montant, il s‘agit d’une charge pour l’entreprise.
Principales sources législatives et réglementaires :
- article 22 - Code général des impôts
- article 39 A - Code général des impôts
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Thomas Wittenmeyer
Diplômé de l'ESSEC Business School.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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