Contrat d’extra : quelles sont les règles à connaître ?
Comment ouvrir un gîte ?
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.
Vous souhaitez ouvrir un gîte ? Il est important de bien se renseigner au préalable. Le meublé de tourisme (dit aussi gîte ou location saisonnière) est un logement, à usage exclusif du locataire, qui doit être entièrement meublé et équipé. La location doit être offerte à un client de passage, qui aura une totale indépendance, contrairement au fait d'ouvrir une chambre d'hôte.
Avant de vous lancer dans cette belle aventure qu’est l’ouverture d’un gîte, il est nécessaire de bien réfléchir à votre projet. En effet, une multitude d’offres de location sont proposées en France, dont plus de 90 000 meublés de tourismes classés.
Ne pas prendre ses projets à la légère est la clé du succès. Pour vous aider à atteindre vos ambitions, faisons le point ensemble sur les étapes principales pour ouvrir un gîte !
Mini-Sommaire
Qu'est-ce qu'un gîte ?
Gîte : définition
Un gîte est un logement meublé mis à la disposition exclusive du locataire. On parle aussi de meublé de tourisme.
Cela signifie que l’ensemble du logement peut être utilisé par le locataire. Dès lors, le logement doit être équipé de tous les meubles et équipements nécessaires pour les besoins de la vie courante comme des couchages et des ustensiles de cuisine.
☝️ Bon à savoir : à chaque fois que vous louez un bien, vous devez établir un contrat de location saisonnière écrit.
En principe, la location d’un gîte se fait à la semaine ou au mois. Cependant, la durée de location ne peut pas excéder 90 jours au risque que le contrat de location saisonnière soit requalifié en contrat de location d’habitation.
Quelle est la différence entre un gîte et une chambre d’hôte ?
Bien que les deux soient souvent utilisés de pair, gîte et chambre d’hôte sont deux choses bien différentes.
En effet, contrairement au gîte, la chambre d’hôte implique de ne louer qu’une partie du logement et de servir le petit-déjeuner. Généralement, les clients d’une chambre d’hôte restent une ou deux nuits, voire une semaine tout au plus. De plus, dans le cadre des chambres d’hôte, vous ne pouvez pas accueillir plus de 15 personnes. Si vous atteignez cette capacité d’accueil, vous devez ouvrir un hôtel. Cette limitation n’est pas applicable au gîte.
Par conséquent, ouvrir un gîte ou une chambre d’hôte n’a pas les mêmes conséquences sur le logement mis en location, sur les prestations à proposer et sur la durée de la location.
Pourquoi ouvrir un gîte ?
Les raisons qui peuvent pousser à ouvrir un gîte sont nombreuses. Elles sont souvent d’ordre personnel et/ou financier. Par exemple, ouvrir un gîte peut être l’occasion de changer de vie ou de générer un complément de revenus. Cela peut aussi être une bonne manière d’optimiser son patrimoine immobilier.
Par ailleurs, ouvrir un gîte est une activité qui permet de rencontrer des gens d’horizon différents et de leur faire découvrir votre région.
De plus, ouvrir un gîte en Bretagne ou ouvrir un gîte à la ferme peut être une activité très lucrative.
Ainsi, même si classer son meublé de tourisme est facultatif, il peut être intéressant pour vous de demander à faire partie du classement dans l’une des catégories existantes (1 à 5 étoiles). Le bénéfice du classement officiel, par un organisme accrédité, optimisera votre visibilité et vos chances de louer votre gîte.
Les étoiles octroyées sont fonction du confort et des équipements offerts par votre gîte. Le bénéfice du classement dure cinq ans et est octroyé à la suite d’une visite de classement.
Les deux labels les plus connus sont “Gîtes de France” et “Clévacances”. Mais il en existe d’autres. Renseignez-vous bien avant de choisir votre label ! En effet, chaque label possède sa propre grille de classement et aura des exigences qui lui sont propres.
Peut-on ouvrir un gîte sans diplôme ?
Oui, il est tout à fait possible d’ouvrir un gîte sans diplôme. Aucune formation spécifique n’est requise. Vous êtes donc entièrement libre d’ouvrir un gîte. Le sens de l’accueil et de l’organisation sont les seuls prérequis pour se lancer.
La seule exception concerne la vente d’alcool. Si vous souhaitez proposer des boissons alcoolisées à vos clients, vous devez être titulaire d’une licence de débit de boissons. Pour l’obtenir, il faut suivre une formation qui est valable 10 ans.
Par ailleurs, afin de vous familiariser avec la gestion d’entreprise et le marketing, vous pouvez suivre une formation de création d’entreprise ou un accompagnement pour avoir les connaissances nécessaires au bon développement de votre projet.
Quelle réglementation pour ouvrir un gîte ?
Respecter une réglementation pour ouvrir un gîte est impératif.
Tout d’abord, avant d’ouvrir un meublé de tourisme, classé ou non, vous devez obligatoirement effectuer une déclaration à la mairie de la commune du gîte (en remplissant un formulaire Cerfa).
De plus, si la commune dans laquelle est installé le gîte applique la taxe de séjour, vous devrez la collecter et la reverser à la mairie.
Ensuite, dès lors que votre capacité d’accueil dépasse 15 personnes en gîte (gîte de groupe ou gîte grande capacité), des règles supplémentaires s’imposent à vous. Votre gîte sera considéré comme un Établissement Recevant du Public (ERP). De ce fait, des normes de sécurité et d’accessibilité additionnelles propres aux ERP devront être respectées, engendrant des frais supplémentaires. Le dépôt d’un dossier attestant de votre conformité à la réglementation des ERP auprès de la préfecture sera également nécessaire.
Par ailleurs, pour ouvrir un gîte, vous devez respecter certaines règles comme :
- les normes d’hygiène (nettoyage, traitement des eaux usées, etc.) ;
- les normes de sécurité incendie, et notamment l’installation d’un détecteur de fumée ;
- l’affichage obligatoire des tarifs par nuit.
En outre, si vous souhaitez proposer des repas à vos locataires, vous devez obtenir un agrément sanitaire.
Vous avez également l’obligation de souscrire une assurance responsabilité civile professionnelle (RC pro) en plus de l’assurance du bien immobilier.
Quelles sont les étapes à suivre pour ouvrir un gîte ?
Pour créer un gîte et en vivre, il est indispensable de suivre certaines étapes préparatoires, ainsi que de réaliser les démarches administratives nécessaires.
Ouvrir un gîte rentable : la préparation du projet
Si vous souhaitez ouvrir un gîte, la première chose à faire est de réfléchir au concept. Allez-vous proposer un logement typique de votre région, un logement éco-responsable ou atypique ? Définir les contours de votre projet est essentiel pour pouvoir évaluer son potentiel.
En effet, il ne faut pas se précipiter. Il est fortement recommandé de réaliser une étude de marché. Cela permet de connaître les envies et les attentes de vos clients potentiels, mais aussi d’évaluer la concurrence présente et à venir. Ainsi, vous pouvez ajuster votre projet pour vous démarquer de la concurrence et parfaitement répondre aux besoins de vos futurs clients.
Il convient également de rédiger un business plan avant d’ouvrir son gîte. Étudier le marché local est primordial afin de réfléchir à la meilleure stratégie à adopter pour que votre activité soit rentable. Vous devez donc étudier avec attention plusieurs facteurs importants (potentiel touristique de votre région, facilité d’accès, commodités à proximité, etc.) grâce à la réalisation du business plan de gîte.
☝️ Bon à savoir : vous pouvez vous inspirer de notre modèle de business plan de chambre d'hôte pour la rédaction du business plan de votre gîte, car les problématiques sont semblables.
Le business plan permet d’expliquer le projet, le fonctionnement du gîte (sources de revenus, capacité, taux d’occupation prévisionnel en fonction des périodes de l’année, tarifs, etc.). Il permet aussi d’établir un prévisionnel financier sur 3 à 5 ans. Il offre donc la possibilité d’évaluer la viabilité du projet et donc sa faisabilité d’un point de vue économique.
Ce document vous sera également très utile si vous devez solliciter des financements auprès d’investisseurs, comme un établissement bancaire, par exemple.
Trouver le bien immobilier idéal pour ouvrir votre gîte
Le choix du bien immobilier qui accueillera votre futur gîte est essentiel dans la réussite de votre projet.
Plusieurs critères sont à prendre en compte :
- la localisation ;
- le potentiel touristique ;
- l’accès en transport en commun ;
- la superficie ;
- la capacité d’accueil ;
- l’environnement autour du bien ;
- le terrain ;
- la présence ou non d’une piscine ou la possibilité d’en faire une ;
- la présence de concurrents à proximité ;
- la présence d’hôtels ou de chambres d'hôte dans les environs.
Il est également nécessaire d’évaluer le montant des travaux nécessaires pour décorer et aménager le gîte, afin de le rendre attrayant pour les touristes. Par exemple, vous pouvez prévoir l’installation d’un sauna ou d’un hammam. Dans ce cas, il faut vérifier que le bien dispose de la place suffisante, mais aussi des équipements adéquats.
Financer la création de son gîte
Une fois que vous avez trouvé le bien idéal pour ouvrir votre gîte, il faut s’occuper de son financement.
Une question revient alors souvent : peut-on ouvrir un gîte sans apport ? La réponse est oui, en théorie. En effet, aucune loi n’impose que le créateur d’un gîte apporte un certain montant. Toutefois, en pratique, les banques demandent généralement un apport. Cela permet de répartir le risque, mais aussi de prouver l’implication du porteur de projet. Cet apport peut être compris entre 10 et 30 % de l’enveloppe nécessaire pour ouvrir le gîte.
☝️ Bon à savoir : pour la création d’un gîte, des subventions existent. Cela est notamment le cas dans les communes ou les départements qui cherchent à redynamiser leur territoire.
Par ailleurs, pour financer votre projet d’ouvrir un gîte, vous pouvez :
- vous associer avec une ou plusieurs personnes ;
- utiliser votre épargne ;
- créer un crowdfunding pour lever des fonds auprès des particuliers ;
- faire appel à la love money, c’est-à-dire demander à vos proches d’investir.
De plus, sous certaines conditions, vous pouvez percevoir vos allocations-chômage tout en créant votre gîte.
Choisir un statut juridique pour ouvrir un gîte
Vous vous demandez comment créer une entreprise pour ouvrir votre gîte ? Vous devez obligatoirement choisir un statut juridique. En effet, les revenus générés par la location du bien doivent impérativement être déclarés.
Tout d’abord, il est important de noter que si l’exploitation du gîte est votre activité professionnelle principale, vous devez obligatoirement créer une entreprise. Vous avez alors le choix entre plusieurs statuts juridiques comme :
- l’entreprise individuelle (EI) qui permet d’exercer votre activité en nom propre, donc sans créer de société. Les obligations administratives et fiscales sont relativement simples. Cependant, toutes les charges ne peuvent pas être déduites du chiffre d’affaires pour réduire l’assiette de l’impôt sur les bénéfices ;
- la micro-entreprise qui est un régime spécial de l’EI. Pour bénéficier du régime de la micro-entreprise, il faut respecter certains plafonds de chiffre d’affaires. Les obligations en micro-entreprise sont très limitées puisqu’il suffit de déclarer son chiffre d’affaires tous les mois ou tous les trimestres. Toutefois, il n’est pas possible de déduire ses charges de son chiffre d’affaires. Mais, un abattement forfaitaire est appliqué automatiquement lors de la déclaration de revenus annuelle ;
- la société (SARL, EURL, SAS, SASU, etc.) qui permet de créer une personne morale dont le patrimoine est bien distinct de celui des associés. Certes les démarches de création sont plus longues et plus complexes, et les obligations comptables plus contraignantes, mais en société, vous pouvez déduire l’ensemble de vos charges. De plus, les investissements peuvent être amortis.
Quand on ouvre un gîte, les investissements et les charges peuvent représenter des montants importants. Cela est vrai à l’ouverture, mais aussi pour l’entretien du bien. C’est pourquoi, la plupart des gîtes sont ouverts en société.
☝️ Bon à savoir : chaque statut juridique présente des avantages et des inconvénients. En fonction de votre projet, mais aussi de votre situation, certains statuts sont plus adaptés que d’autres. N’hésitez pas à vous faire conseiller par un professionnel.
Réaliser les démarches de création d’entreprise pour ouvrir son gîte
Les démarches à réaliser pour ouvrir un gîte dépendent du statut juridique que vous avez choisi.
Ainsi, si vous exercez en tant que loueur en meublé professionnel, vous devez déclarer votre activité au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) et au Centre de Formalités des Entreprises (CFE). À défaut, vous perdrez le bénéfice des avantages fiscaux découlant du statut de loueur en meublé professionnel. En savoir plus sur la fiscalité de la location meublée.
Au contraire, s’il s’agit de votre activité principale, pour ouvrir une entreprise individuelle ou une micro-entreprise, il vous suffit de vous rendre sur le site internet du Guichet unique pour ouvrir votre entreprise.
Et si vous optez pour la création d’une société, vous devez suivre les étapes suivantes :
- rédiger les statuts ;
- déposer le capital social ;
- publier un avis de création dans un journal d’annonces légales ;
- faire une demande d’immatriculation sur le site du guichet unique.
☝️ Bon à savoir : si vous désirez offrir des repas à vos hôtes (autres que le petit déjeuner). Dans ce cas, vous devrez obtenir une licence restaurant.
Et n’oubliez pas de déclarer votre activité auprès de la mairie avant d’ouvrir votre gîte.
Communiquer sur l’ouverture de votre gîte
Aujourd’hui, environ 90% des réservations en gîte se font via internet. Il est donc très important, avant d’ouvrir son gîte, de réfléchir attentivement à une stratégie de communication en ligne (photos, textes de qualités, témoignages clients positifs, réseaux sociaux, mention dans les guides touristiques, Airbnb, Le Bon Coin...).
Ainsi, en plus de votre site internet, vous pouvez vous inscrire sur des plateformes dédiées à la réservation de logements touristiques. Ces derniers prennent une commission sur le montant de la réservation.
Vous pouvez également vous faire référencer auprès de l’office du tourisme. Et bien entendu, le bouche-à-oreille reste un excellent moyen de vous connaître.
FAQ
Comment calculer la rentabilité d'un gîte ?
La rentabilité d’un gîte se calcule en prenant en compte différents éléments :
- le tarif à la nuitée en basse, en moyenne et en haute saison ;
- le taux d’occupation moyen en fonction de la saison ;
- les charges de fonctionnement ;
- les frais de marketing ;
- les crédits à rembourser ;
- les cotisations sociales et impôts à régler ;
- la rémunération du gérant, le cas échéant ;
- la rémunération des salariés ou des prestataires, si besoin.
Quelle est la durée maximum d'une location saisonnière ?
La location saisonnière est une location courte durée. Pour que la législation relative à la location saisonnière puisse s’appliquer, il faut que la durée de la location soit inférieure à 90 jours consécutifs, non renouvelables, par an.
Quel budget pour ouvrir un gîte ?
En moyenne, pour ouvrir un gîte, il faut prévoir un budget compris entre 70 000 et 120 000 €. Cependant, le prix d’un gîte dépend de nombreux paramètres, notamment la localisation du bien, la superficie et l’enveloppe travaux à prévoir.
Principale source législative et réglementaire :
- article L.324-1-1 - Code du tourisme
Note du document :
4,5 - 114 vote(s)
Chloé Tavares de Pinho
Diplômée de l’INSEEC et de l’Université de Reims en droit des affaires.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.Fiche mise à jour le
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